Étude | La diversité dans les films belges en 2019

Étude | La diversité dans les films belges en 2019

État des lieux de la diversité dans les films nommés aux Magritte 2019.

Le thème de la diversité étant de plus en plus d’actualité dans l’audiovisuel et particulièrement dans le cinéma, nous désirons partager avec vous les résultats d’une étude dirigée par Sarah Sepulchre, professeure à l'Université catholique de Louvain (UCLouvain) et membre du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les cultures et les arts en mouvement (Gircam).

L’objectif de ce rapport était de dresser un état des lieux de la diversité dans les films nommés aux Magritte 2019. Il s’agissait de vérifier quels sont les personnages qui apparaissent à l’écran, sont-ils diversifiés (analyse quantitative) et comment apparaissent-ils à l’écran (analyse qualitative) ? Vous pouvez consulter l’entièreté du rapport de cette étude en cliquant ici.

Le corpus étudié était composé de 27 œuvres : les 12 longs métrages concourant pour le Magritte du meilleur film de fiction et les 15 créations en lice pour le Magritte du meilleur documentaire en 2019. Ces nombres limités de films invitent à la prudence sur les résultats étant donné qu’ils ne sont pas statistiquement suffisants que pour pouvoir tirer des conclusions fiables.

Avec toutes ces précautions, le premier constat qui s’impose est que les femmes sont au centre des films belges en 2019. Le personnage principal type des fictions est une femme dans 63% des cas. Et, dans les documentaires, les femmes sont encore plus majoritaires puisqu’elles constituent 77% des personnages principaux.

Cette belle performance quantitative a son revers au niveau qualitatif. Dans les films de fiction, les femmes sont les personnages qui portent les troubles psychologiques et mentaux. Lorsqu’un rôle principal présente des troubles mentaux, ce rôle est porté dans la majorité des cas par une femme. D’autres stéréotypes genrés sont également présents : tels que la parentalité qui est un sujet porté principalement par les personnages féminins, et le fait que ce sont les corps féminins qui font l’objet du regard, de la sensualisation. Le côté systématique de ces polarisations pose question. Les hommes souffrent aussi, sont aussi des pères !

Dans les documentaires, ce sont  les conditions de vie économiques et sociales, les violences sexuelles, l’exploitation des femmes, … qui sont les principaux thèmes tournant autour des femmes. Ces films mettent en exergue à quel point les hommes et les femmes vivent différemment.

La religion est pratiquement absente des films de fiction : 83% des héros ne sont pas identifiés en fonction de leurs croyances. Et, si la population arabe est assez bien représentée par rapport à celle observée dans la population belge (17% des personnages principaux), elle est directement associée à l’Islam. Les questions posées autour de l’Islam sont celles que l’on rencontre habituellement : la radicalisation, la violence, la tradition, … et sont souvent présentées comme problématiques. De l’autre côté, on notera que ces questions ne sont jamais posées pour d’autres religions, que les personnes blanches ne sont pas systématiquement reliées à une religion et qu’elles sont porteuses de thèmes variés contrairement aux personnes non-blanches. Dans les documentaires, la religion est pratiquement absente, elle est abordée principalement dans les documentaires traitant de l’immigration et elle se rapporte alors à l’Islam.

Concernant l’origine des personnages principaux, si les documentaires présentent une population manifestement plus diverse que les films de fiction (54% des rôles principaux sont tenus par des personnes non blanches, contre 29% en fiction), il n’en est pas moins que comme en fiction, on observe une certaine corrélation entre les thèmes abordés dans le film et les origines du personnage principal. Les documentaires présentant des personnes non-blanches traitent avant tout d’immigration, d’exploitation économique, de violences, de luttes politiques…

De plus, et malgré le fait que toutes les classes sociales ne sont pas toujours faciles à distinguer dans les films, on notera que si les documentaires explorent des milieux moins favorisés que les fictions, les thématiques liées à la pauvreté sont systématiquement présentes dans les documentaires filmés à l’étranger.

Au niveau de l’âge, on notera un autre stéréotype. Si plus de deux tiers des personnages principaux des films de fiction sont des adultes, la deuxième catégorie la plus importante est celle des adolescents (25%). Mais le rôle pris par ces adolescents n’est jamais simple, il est marqué par des crises identitaires, qu’elles soient sexuelles, religieuses ou psychiatriques. A noter que dans les documentaires, ces adolescents sont absents des personnages principaux.

Pour terminer, on notera qu’au niveau des rôles secondaires on observe une diversité plus équitable dans tous les domaines, mais comme dit précédemment, tous ces résultats sont à considérer avec précaution étant donné le nombre de films analysés et le fait que souvent les scores sont atteints grâce à un ou deux films. Tous ces éléments sont précisés dans le rapport complet.

L’étude va beaucoup plus en profondeur de ce qui est présenté ci-dessus comme sommaire, avec par exemple d’autres aspects analysés, comme l’orientation sexuelle, la représentativité des personnes moins valides… , et c’est pourquoi nous vous invitons à consulter le rapport de Sarah Sepulchre et ses conclusions par l’intermédiaire de ce lien-ci.
 

DÉCOUVRIR L'ÉTUDE COMPLÈTE