Ces 8 et 9 septembre 2010, s’est tenu à Bruxelles le colloque « Créativité, Culture et Innovation. A la recherche de nouveaux liens », l’un des événements officiels du programme de la Présidence belge du Conseil de l’Union européenne.
A cette occasion, Fadila Laanan, Ministre de la Culture et de l’Audiovisuel, a accueilli près de 400 acteurs du monde de la Culture : opérateurs, industriels, représentants des institutions européennes, mandataires politiques et délégués des Etats membres.
La Commissaire européenne en charge de la Culture et de l’Education, Androulla Vassiliou, a ouvert les débats de ces deux jours. Des échanges auxquels ont notamment pris part Jan Truszczynski, le Directeur général de la DG Education et Culture de la Commission européenne ; et David Crombie, de l’Université d’Utrecht, qui a dévoilé à cette occasion les conclusions de l’étude sur la dimension entrepreneuriale des industries culturelles et créatives commanditée par la Commission européenne.
Les discussions et les réflexions du colloque ont porté sur :
- l'importance pour les industries culturelles et créatives de renforcer leur capacité d'expérimentation et d'innovation ;
- les effets d'entraînement de la culture sur la créativité et l'innovation d'autres secteurs.
L'innovation pour la culture, ou comment rendre la culture et les industries culturelles et créatives plus innovantes
Novatrices et dynamiques, les industries culturelles et créatives sont, désormais, reconnues comme un élément essentiel de l’innovation. Ce secteur constitue un important moteur de l’innovation économique, technologique et sociale. Il contribue directement au développement d’une économie de la connaissance.
Ce colloque a permis de confirmer clairement que les innovations au sens large, en ce compris les innovations non technologiques, constituent également des adjuvants importants pour la compétitivité, la croissance et la qualité de vie des citoyens. La ministre a d’ailleurs souligné, en clôturant les travaux ce jeudi, que « la capacité des industries culturelles à innover – tant en termes technologiques qu’en matière de services –, conjuguée aux retombées de ces innovations sur d’autres secteurs d’activité, les rend essentielles au développement et à la compétitivité à long terme de l’économie ».
Cependant, ce secteur est souvent insuffisamment soutenu et bénéficie peu des programmes d’aides européens. C’est pourquoi la nouvelle politique de l’Union européenne, à travers la stratégie UE 2020 adoptée par le Conseil européen le 17 juin dernier, a pour objectif de créer un environnement dans lequel ces industries culturelles et créatives peuvent exploiter au mieux leur potentiel. En effet, grâce à des partenariats créatifs, elles peuvent jouer un rôle majeur en aidant les citoyens européens à acquérir les compétences créatives, entrepreneuriales et interculturelles dont ils ont besoin, en favorisant également de la sorte la cohésion sociale.
De plus, les nouvelles technologies ainsi créées favorisent la création de nouveaux biens, métiers et services culturels, particulièrement bénéfiques pour les PME et renforcent la compétitivité européenne.
La culture pour l'innovation, ou comment favoriser les transferts des industries culturelles et créatives vers les autres secteurs
Par ailleurs, un tel colloque se devait d’aborder la question de la dimension culturelle du développement économique, son dynamisme et son potentiel. En effet, les industries culturelles et créatives se développent notamment aux niveaux local et régional et elles jouent un rôle significatif en matière de développement à ces niveaux.
C’est pourquoi tous les acteurs et toutes les régions doivent être impliqués dans le cycle de l’innovation. C’est aussi pourquoi les stratégies de développement – et particulièrement la politique de cohésion – doivent poursuivre leur effort d’intégration des industries culturelles et créatives.
Comme l’a constaté Fadila Laanan, les débats de ces 8 et 9 septembre ont conforté l’idée que « pour soutenir ce potentiel de créativité des industries culturelles et créatives, et particulièrement celui des PME (dont 58% ne comptent qu’un à trois salariés selon l’étude de l’Université d’Utrecht), il est nécessaire de définir une approche stratégique et intégrée ». En effet, ces PME, du fait de leur taille et de leurs caractéristiques spécifiques, « nécessitent des stratégies politiques qui reconnaissent la complexité de l’interaction entre les dimensions économiques, culturelles, technologiques et sociales du processus créatif. Ces PME, qui disposent d’une grande capacité d’innovation, représentent une source essentielle pour la diversité culturelle ».
Pour permettre aux PME d’innover, il est nécessaire de renforcer les compétences, les synergies entre secteurs et le rôle positif de la culture. Ceci notamment en encourageant des partenariats créatifs entre l’enseignement artistique, les écoles de gestion, les entreprises, les laboratoires de recherche. L’intégration de la créativité dans les politiques d’éducation pourrait engendrer des avantages significatifs pour l’économie, mais aussi pour le secteur socioculturel.
Des pistes pour la Stratégie 2020
En tirant les conclusions des deux jours de débats, la ministre Fadila Laanan a fait siens les principaux enseignements du colloque, qu’elle compte relayer auprès de ses homologues européens et auprès de la Commission européenne au cours de cette Présidence belge du Conseil de l’Union européenne.
Ce Colloque a en effet permis de réaffirmer l’importance de soutenir les industries culturelles et créatives, garantes de la diversité culturelle. Et comme l’a précisé la Commissaire européenne Androulla Vassiliou : « Je suis convaincue que la Culture a un rôle à jouer au sein de la Stratégie européenne ‘2020’ pour une croissance intelligente, durable et inclusive. Et comme je l’ai souligné dans notre livre vert « Libérer le potentiel des industries culturelles et créatives », l’Europe doit mettre en place les conditions nécessaires à un environnement créatif véritablement stimulant pour ces industries. Je me réjouis de voir que ce nouvel état d’esprit habite les acteurs et décideurs culturels qui se rencontrent aujourd’hui et de participer à ces deux journées de débats animés ».
La politique de recherche et d’innovation revêt actuellement une importance accrue en termes de priorités politiques de l’Union européenne. Elle est considérée comme un vecteur de compétitivité, de croissance de la productivité et de viabilité.
C’est pourquoi, dans quelques jours, la Commission européenne va publier une Communication sur l’Union pour l’innovation, une des initiatives phares de la Stratégie 2020.
Comme l’a souligné Luc de Brabandere, spécialiste en matière de créativité appliquée en business, lors des débats : « Paradoxalement, la crise et ses contraintes doivent nous stimuler ! » Pour lui, dans un monde en pleine mutation, la capacité de survie de nos économies et industries réside dans l’aptitude à sortir de cadres existants. Par conséquent, il est indispensable de précéder les changements, de créer de nouvelles perspectives et de permettre que les idées nouvelles, qui relèvent de la créativité, deviennent des innovations.