Touchés par la manière sensible dont la réalisatrice traite d’un sujet encore tabou, les jeunes spectateurs lui ont également décerné le Prix des délégués de classes, ainsi que le Prix clair-obscur, justifié en ces termes:
Un traitement frontal du thème de l’inceste aurait pu nous rebuter, mais c’est avec beaucoup de délicatesse qu’Emmanuelle Nicot retrace le parcours de Dalva, une fillette qui se libère de l’emprise d’un père incestueux. Dans une alternance d’ombre et de clarté, le film montre les étapes d’un chemin de résilience fait de hauts et de bas, de progrès et de régressions, de moments de révolte, de tristesse mais aussi de joie et d’insouciance. Trouvant le juste équilibre entre gravité et espérance, Emmanuelle Nicot mène doucement son héroïne vers la promesse d’une reconstruction.
Reportage Vedia : Emmanuelle Nicot à la rencontre des ados de Notre Dame
La qualité des quatre autres films de la sélection a été saluée par les adolescents, qui ont décerné à chacun d’entre eux un prix créé sur mesure :
Un monde, de Laura Wandel, Prix du film le plus immersif :
Laura Wandel filme le microcosme d’une cour de récréation à hauteur d’enfant. « Un monde » nous plonge en apnée dans ce milieu hostile qu’on a toutes et tous connu, avec ses règles tacites, ses renversements d’alliances, ses gagnants et ses perdants. Sans musique, mais dans un bruit constant, sans horizon au-delà du périmètre fermé par les grilles de l’école, sans autre angle de vue que celui d’une fillette qui assiste impuissante au harcèlement que subit son frère, il n’y a pas d’échappatoire : l’émotion des personnages nous transperce et nous laisse KO.
Temps mort, d’Ève Duchemin, Prix du film qui change notre regard :
Avec « Temps mort », Ève Duchemin nous fait partager les émotions de trois détenus en congé pénitentiaire pour un weekend. Le regard que la réalisatrice nous invite à poser sur ces hommes n’est jamais dans le jugement : nous les découvrons tels qu’ils sont ou essaient d’être, dans leur humanité plutôt qu’au travers de ce qu’ils ont pu commettre. En nous dévoilant toute la difficulté qu’il y a à se réinsérer, ce film brise nos préjugés et change notre regard sur ceux qui luttent pour retrouver une place dans un monde dont ils ont été écartés.
Rien à foutre, de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, Prix Lumière sur la face cachée du monde :
« Rien à foutre » dresse le portrait de Cassandre, jeune hôtesse de l’air dans une compagnie low cost. Au fil des escales qui se suivent et se ressemblent toutes, le film casse le mythe glamour qui entoure le métier, en montrant l’aliénation et la routine abrutissante que cachent les sourires forcés d’une jeunesse qu’on exploite. Cassandre survole sa vie plus qu’elle ne l’habite, mais sous son air blasé, Julie Lecoustre et Emmanuel Marre donnent à voir son âme blessée, au travers d’un jeu habile sur les contrastes de lumière, de ton et de rythme.
Nobody has to know, de Bouli Lanners, Prix des plans les plus inspirants :
Bouli Lanners filme l’Ecosse à la manière d’un peintre impressionniste : ses plans larges magnifient les vastes étendues sauvages, sa palette de tons sourds exprime la rudesse d’une vie simple, éloignée des artifices du monde moderne. Personnage à part entière du film, la lande battue par le vent dit mieux que les mots toute l’intensité d’une passion amoureuse qui ne peut se vivre au grand jour. Et on se sent portés, nous aussi, par cet élan romantique qui donne des envies de voyage…
Le Prix des lycéens du Cinéma est une initiative du Service PECA de l’Administration générale de la Culture, soutenue par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.